Nos questions à… Christophe Bétard, champion du monde amateur XTerra

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Le sommaire 📒

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Ce mois-ci, Opentri vous propose une rencontre avec un grand homme. Grand par la taille et de par un déterminisme sans faille. Il ne partage pas que son initiale avec le mot champion, Christophe Bétard est de ceux qui en veulent, qui ne lâchent jamais, mais avec toujours beaucoup d’humilité.

Athlète professionnel de triathlon XTerra, il rythme son quotidien autour de cette passion qui l’a amené à parcourir le monde. Une interview sans filtre et un vrai moment de plaisir pour nous !

Le XTerra, qu’est-ce que c’est ?

Discipline dérivée du triathlon, on y pratique le triple effort dans des milieux naturels. Ce sont les disciplines de la natation, du VTT et du Trail qui se coordonnent pour offrir un spectacle majestueux et pleins de rebondissements. C’est en 1996 que la société Team Unlimited a lancé son épreuve. Aujourd’hui c’est plus d’une centaine de courses réparties à travers le monde qui composent le circuit XTerra.

Les distances des trois disciplines sont les suivantes : 1.5 km de natation, 30 km de VTT et 11 km de Trail


L’interview


Christophe Bétard, qui es-tu ?

Je suis triathlète depuis 2013. J’effectue cette discipline par reconversion et conviction, parce que je voulais vraiment tenter une expérience en triathlon. Cette expérience a été vraiment satisfaisante pour moi, du coup j’ai voulu continuer dans cette lignée et également faire du X-Terra. Aujourd’hui, ça se passe plutôt pas trop mal !

Pour ma partie plus professionnelle, je suis éducateur sportif à la ville d’Épinal et je m’occupe des aménagements du temps de l’enfant dans les écoles primaires. Du coup, j’interviens pour faire du VTT ou du sport collectif en fonction des thèmes abordés par la ville, les écoles et les coordinateurs. J’interviens également sur une plate-forme d’insertion par le sport, l’ASO (Ambition Spinalienne Omnisports), qui aide des jeunes qui ont entre 16 et 25 ans pour retrouver une resocialisation par le sport et puis les aider à retrouver un job par l’intermédiaire de cette structure là.

Quand as-tu commencé le triathlon ? Pourquoi avoir opté pour ce sport très technique et prenant ?

C’est une discipline qui m’a toujours intéressée et je n’avais jamais réussi à passer le cap. J’avais une certaine appréhension du triple effort, parce que on se dit que ça peut être très compliqué. Je voulais aussi retrouver quelque chose qui soit moins collectif, avec la volonté du dépassement de soi et la volonté de ne compter que sur soi-même.

Et puis en 2013, j’ai perdu mon papa en mai et j’ai eu quelques complications avec mon club de vélo. Je me suis un peu retiré du milieu parce que le président de club ne comprenait pas trop mes choix par rapport au décès de mon papa et au retrait de l’équipe. Je me suis dis qu’il fallait que je trouve autre chose parce que j’avais fais le tour de la question. Ça faisait 18 ans que je faisais du cyclisme, dont quelques années à haut niveau.

J’ai fait un premier triathlon découverte et puis j’ai enchaîné sur le XL de Gerardmer la même année. Tout le monde me disait « Fais attention quand tu vas aller sur Gerardmer, c’est presque dix fois plus long ». Je me disais « Je peux le faire » parce que j’avais l’habitude de faire des courses d’une semaine. J’avais fait le tour de Guyane, de Martinique, de Guadeloupe donc dans la plupart des cas, je me faisais 1000 km dans la semaine.

Sur le XL de Gerardmer, je fais 18ème au scratch. Je me suis dis que c’était bien, donc en 2014 je me suis mis à faire un peu plus de triathlon. J’ai fais le Xterra de Xonrupt où je me suis qualifié pour les championnats du monde. Je fais 3ème de ma catégorie d’âge en 2014. J’étais satisfait mais avec un goût d’inachevé parce que je n’étais pas au summum de ce que je pouvais faire physiquement. En 2015, c’est là que je me suis mis à vraiment faire une carrière dans le triathlon et je suis champion du monde amateur ! C’est l’aboutissement d’une carrière amateur dont tout le monde rêve, donc c’est génial !

La première fois que tu t’es plongé dans le grand bain de la compétition X-Terra, qu’as-tu ressenti ? Était-ce difficile à aborder ?

Au niveau du stress des compétitions, c’était gérable parce que c’était une compétition parmi tant d’autres. Par contre, j’ai tendance à me mettre souvent des objectifs, peut-être pas inatteignables, mais je suis très exigeant envers moi-même et du coup, je me mettais une pression qui n’était par forcément celle que je devais avoir. Pour moi, ce n’était que du bonus puisque le X-Terra, j’avais juste à découvrir. Mais étant compétiteur, je voulais vraiment que la chose que j’allais faire soit à la hauteur de ce que je pouvais faire.

Il y avait une certaine excitation parce que la natation, même si c’est pas mon point fort, ça fait partie du job donc il fallait perdre le moins de temps possible. Le VTT était une discipline que j’adorais parce que j’ai commencé le vélo par le VTT. Et puis la course à pied, le trail, j’adorais en faire l’hiver. C’était trois disciplines qui représentaient bien ce que j’étais capable de faire. Après je savais que j’étais pur cycliste donc quand je montais sur le vélo je mettais « power » et puis c’était parti !

 

Ton titre de Champion du Monde X-Terra en 2015 t’a apporté une nouvelle notoriété dans le milieu et t’a permis de rentrer dans le monde professionnel. On sait que tu es éducateur sportif en plus de ce statut de SHN, comment se passe une semaine type pour toi ?

Quand j’ai été champion du monde, cela m’a donné une certaine crédibilité auprès de mes partenaires en leur montrant que j’avais réussi ce que je voulais. Même si je n’annonçais pas à haute voix mon objectif parce que c’était le Graal à aller chercher et c’était assez compliqué à expliquer, même si certains me disaient que j’en étais capable. Mais tant que la ligne n’est pas franchie, tu ne peux pas dire les choses ouvertement.

Lorsque j’ai accompli cette performance, ça m’a donné une certaine crédibilité par rapport à la ville d’Épinal et à mon métier. Aussi auprès des parents, auprès des jeunes, une certaine reconnaissance. Il y a eu un peu de médiatisation pour des partenaires locaux, pour des campagnes de publicités, des essais vélo avec par exemple Moustache Bikes. Donc il y a tout un cheminement qui a été fait au niveau local, une certaine sollicitation des gens pour donner une intervention ou expliquer mon sport. J’ai du intégrer ça à la fois dans mon emploi du temps de travail d’éducateur car je n’ai pas d’emploi du temps aménagé, et dans mon emploi du temps de sportif.

Du coup je vais nager le midi, je vais courir à la fraîche le matin ou quand j’ai un petit temps de disponible. Et le soir je vais rouler quand je peux ou quand j’ai des demies-journées de disponibles. J’essaye d’enchaîner les disciplines comme ça. Et en plus, j’ai toute cette gestion de partenariats et d’organisation des déplacements.

Je me suis retrouvé dans un fonctionnement que je n’avais pas imaginé auparavant. Du coup c’est que du bonus… et de la gestion au quotidien. Mais c’est de la bonne gestion parce qu’on va dire que c’est une problématique positive.

Tu recherches une identification au-delà de ton échelle relativement locale ?

Oui c’est ça. J’ai sorti un petit logo avec une barbe, marqué X-TOF et j’ai sorti une ligne de vêtements sportwear, d’entraînement et de compétition que je vais mettre à partir de cette année. Donc il y a toute une volonté d’identification pour que je sois au mieux reconnaissable et pour que mes partenaires puissent eux aussi être vus. Et il y a un travail de communication, d’entretien, de mise à disposition pour faire des shootings et des campagnes publicitaires.

Mon intérêt aussi est que tous mes partenaires puissent se connaître et puissent travailler autour de moi les uns avec les autres. Et c’est ce qui se passe entre nous et c’est génial !

X-Tof-Christophe-Betard-Xterra


Quels sont aujourd’hui tes partenaires de marque ? Quel matériel utilises-tu ?

J’ai une partie de partenaires financiers, ceux qui sont plus présents pour la logistique mais je ne les oublie pas parce que c’est grâce à eux que je peux faire ma pratique aujourd’hui. Il y a mon département, les Vosges, qui mise beaucoup sur les sportifs qui sont aussi une vitrine pour eux. Ils communiquent beaucoup autour de nous, sportifs vosgiens, puisqu’ils savent qu’on les mets beaucoup en avant sur les tenues avec Je Vois La Vie En Vosges. J’ai d’autres partenaires qui me soutiennent avec Grand Bio à Épinal, La banque Populaire, HBL AUTO garage Honda. D’autres acteurs locaux aussi avec Mercier David, CFGS expert comptable, Moustache Bikes, Sonlight Événement puis Sylvain Claude.

Ensuite, j’ai mes partenaires matériels, avec Kuota sur vélo de route grâce aux cycles Valdenaire Remiremont. J’avais un VTT Kuota semi-rigide jusqu’à l’année dernière, que je n’utilise plus aujourd’hui parce que j’ai préféré un vélo tout suspendu, polyvalent, qui fasse finalement tout. Donc cette année, j’ai un nouveau partenariat vélo avec BMC grâce à la société Véloland Véloperfo qui officie à Épinal.

Pour le casque et les chaussures de triathlon, je suis fourni par les cycles Valdenaire Remiremont également, qui me mettent du matériel Vittoria à disposition. Tout ce qui est équipement cyclisme et triathlon est de marque Poli. Puis je suis équipé de chaussures de course à pied Altra mais sans partenariat, juste un choix personnel. Je suis en attente d’un partenariat possible. Altra, c’est une entreprise très spécifique qui fait des baskets avec le drop zéro. Aujourd’hui, c’est particulièrement demandé dans le milieu du triathlon mais ce sont des baskets qui ne conviendront pas forcément à tous les coureurs. Elles me conviennent parce que c’est un bon compromis, une chaussure de trail et peu de drop.

Ton matériel est seulement ton outil de travail ou tu t’intéresses aux nouveautés ?

Le matériel, c’est avant tout un outil de travail puisque je l’utilise au quotidien, donc c’est important que mon matériel soit performant. Je m’intéresse beaucoup à toute l’actu sur les nouveautés et les technologies mais parfois, on est amené à aller dans des endroits où il n’y a pas forcément la possibilité de réparer et où on doit avoir des pièces de rechange en cas de casse. Donc je préfère avoir des pièces mécaniques plutôt que des technologies électroniques.Tout ce qui est Di2, Sram Bluetooth, je ne le prends pas parce que si tu n’as pas de connectique pour pouvoir réparer, ça devient compliqué.

Et tu utilises des plate-formes connectées dans ton entraînement ?

Oui, j’utilisais beaucoup Strava avant parce que j’avais une Apple Watch & l’application Exercice. Et au fur et à mesure, je me suis aperçu qu’elle avait ses limites, notamment l’autonomie. Si je faisais du bi ou du tri-quotidien, c’était compliqué.

Donc j’ai investi dans une Garmin (NDLR : une Forerunner 935) spécialisée pour le tri-sport. Je l’utilise aujourd’hui tous les jours en natation, vélo et course à pied. Et elle se connecte aussi au téléphone, donc je branche tout sur Garmin Connect et en rentrant de l’entraînement, ça se transfert automatiquement.

Je l’utilise beaucoup pour voir les courbes de natation, les efforts et les fréquences de bras aussi. En course à pied, je regarde vraiment la fréquence de pas, ça me permet de voir l’efficacité de ma course avec le temps que je mets au 1000 mètres et sur l’efficacité de ma sortie avec la fréquence cardiaque. Pareil en vélo, je regarde la fréquence cardiaque en fonction du dénivelé et l’évolution au cours de la sortie pour juger de l’état de fatigue.

Cela ne peut donc que crédibiliser ce que je pense et puis amener le côté technique. Quand on est à distance, avec tout le staff que je peux avoir autour de moi, ça leur permet de me suivre.

 

T’arrive-t-il de collaborer avec tes partenaires pour améliorer ton équipement ?

Pour Kuota sur la partie vélo, je fais toujours un retour sur produit pour régler les petits soucis ou pas. C’est vraiment une analyse qui est objective. J’ai pu le faire pour Hoka j’ai eu souvent du matériel en test sur cinq à six semaines à l’entraînement et en compétition. Je leur renvoyais des fiches descriptives sur les ressentis.

Aujourd’hui, je n’ai plus de produits. Alors que c’est quelque chose qui m’intéresserait parce que on se sent investi d’une mission pour améliorer le produit.

Surtout qu’en pratiquant le sport quasiment tout les jours, on sait dire d’entrée si une chaussure est bonne.

Question insolite : Avec qui aimerais-tu partager un entraînement ?

C’est compliqué comme question vu que je n’ai pas vraiment d’idole dans la discipline si ce n’est que je suis toujours à l’affût pour partager les expériences de chacun. Donc si un jour j’ai l’occasion de partager des entraînements avec des grands champions de la discipline, je me dis que je m’entraînerais avec Ben Allen pour la natation, parce que c’est lui qui a les meilleurs chronos sur le circuit Xterra. En VTT ça serait Ruben Ruzafa parce qu’il est vraiment spécialiste vététiste, il a déjà participé à des coupes du monde. Et en course à pied j’ai eu l’occasion de rencontrer un trailleur corse, Guillaume Peretti, et on a gardé contact. Je pense que c’est cette personne là avec qui j’aimerais apprendre davantage sur la discipline.

Que faudrait-il mettre en place pour augmenter la visibilité du XTerra et le rendre plus attractif ?

Aujourd’hui, le label XTerra se pose des questions concernant sa médiatisation. J’ai ressenti aux derniers championnats du monde que c’était une volonté de positionner la marque Xterra comme une entreprise.

Ils ont sorti une ligne de vêtements qui a été complètement remaniée par rapport à ce qu’on a pu voir jusqu’à présent. C’est des vêtements qui sont plus techniques. On sent que ça devient un peu plus professionnel quand même ! Ils ont aussi créé une chaîne télé sur laquelle on peut avoir un suivi de la discipline.

Il est important de rester dans ce côté sport de pleine nature ouvert à tous, même si il y a une catégorie professionnelle aujourd’hui. J’ai beaucoup parlé avec Nicolas Lebrun, le directeur Europe du circuit Xterra, notamment sur l’idée de mettre une catégorie élite à points pour pouvoir accéder à la catégorie professionnelle.

Il y a des réflexions qui sont en jeu pour qu’on puisse apporter une nouvelle médiatisation au label. Parce que en tant qu’athlète, c’est justement montrer que ce sport est emblématique, qu’il faut y croire et qu’il faut le soutenir. Il faut montrer aux partenaires qu’ils peuvent nous faire confiance et que nous leur faisons confiance également. Et de là, essayer de travailler pour arriver à une reconnaissance globale et à une professionnalisation plus stable.

C’est à nous aussi, en tant que sportifs de haut niveau, de mettre en place des Teams pour aider les athlètes, pour qu’ils puissent être rémunérés et qu’ils aient un soutient.

 

Et pour les lecteurs d’Opentri.fr, aurais-tu un conseil à donner à un(e) jeune qui débute le XTerra ?

Le conseil que je donne à tout le monde, c’est de ne jamais perdre à l’esprit que lorsque tu fais du triathlon, il faut toujours que ce soit un plaisir. Le jour où ça devient une contrainte, pose toi des questions.

Et il faut toujours garder cet esprit de guerrier ! Tant que la ligne n’est pas passée, la course n’est pas terminée. Même si le triathlon est très exigeant, que tu es obligé de te faire mal, si tu fais du sport c’est parce que tu aimes ça. Les gens nous disent souvent que nous sommes complètement cinglés, mais non c’est ça le sport !

 

Un grand Merci à Christophe Bétard pour sa disponibilité et sa bonne humeur !

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