« C’est facile pour lui de rouler vite avec son vélo de chrono à 10 000 euros ! », on a tous un jour entendu un ami triathlète lorgner sur les vélos les plus aéro du marché et se plaindre de ne pas rouler assez vite sur triathlon !
Également, bon nombre d’entre vous pensent qu’il n’est pas possible d’améliorer son aérodynamisme sans casser la tirelire à coups de milliers d’euros. Alors non, pas la peine d’acheter le dernier Canyon Speedmax de Jan Frodeno (magnifique certes ) ou une chape de dérailleur Ceramicspeed OSPW à 700€ pour gagner 2 ou 3 watts.
Chez Opentri, on va vous donner nos 10 meilleurs conseils pour booster votre aérodynamisme sans vous mettre votre banquier à dos. C’est parti !
#1. Les prolongateurs : le meilleur investissement
Nombreux sont les triathlètes qui n’ont pas la chance d’avoir un vélo de contre-la-montre. Pour vous, l’achat de prolongateurs pour votre vélo de route doit figurer tout en haut de votre liste des priorités !
En effet, si vous visez la performance, une position aérodynamique sur les prolongateurs vous permettra d’économiser une quantité de watts non négligeable. Vous développerez certainement moins de puissance que dans une position « route ». On parle ici d’une différence de 5% à 15% selon votre habileté en position aérodynamique.
Cependant, cette perte sera très largement compensée par la réduction de votre CdA (coefficient de traînée aérodynamique) liée à la diminution de votre surface frontale en position aérodynamique.
Au niveau des chiffres, il est difficile de donner un chiffre exact quant au gain de vitesse en position aéro. Cependant, à puissance égale et sur le même parcours (et avec les mêmes conditions météorologiques), on peut établir que la position sur les prolongateurs vous permettra un gain de vitesse d’environ 10% par rapport à une position classique.

#2. L'étude posturale : pour une position adaptée
Celle-ci va de pair avec le point précédent ! Optimiser votre position vous permettra d’économiser une quantité de watts impressionnante.
Cependant, la position aérodynamique est très exigeante comparée à celle sur un vélo de route. Elle vous demandera donc un temps d’adaptation avant de la maîtriser parfaitement. Vous rapprocher d’un expert en étude posturale vous permettra alors de trouver le meilleur compromis entre confort et performance.
En effet, un des aspects clés de votre performance sera de pouvoir tenir cette position tout au long de votre épreuve, puis d’être capable de courir correctement après avoir posé le vélo.
Il est donc évident qu’un triathlète pourra adopter une position plus agressive (et donc plus efficace) sur un triathlon olympique vis-à-vis d’un IRONMAN® ou il devra rechercher du confort pour être certain de maintenir sa position pendant 180km.
#3. Les pneumatiques : pour un meilleur rendement
La résistance au roulement est un autre aspect à ne surtout pas négliger. Avec la diversité de pneus et de chambres à air sur le marché, il est pourtant difficile de faire son choix. Pourtant, le combo optimal pourra vous faire économiser plus de 40 watts par rapport à un combo chambre à air en butyl / pneu d’endurance !
Concernant les chambres à air classiques en butyl, ce n’est pas du tout le meilleur choix. Il existe aujourd’hui un débat majeur entre le tubeless et les chambres à air en latex en course. Malgré une plus faible résistance à la crevaison, ces dernières ont le meilleur rendement et sont plus légères. Cependant, beaucoup utilisent encore le tubeless pour que celui-ci puisse agir directement sur une potentielle crevaison et vous évite de vous arrêter pour un dépannage
En ce qui concerne le choix de vos pneus, il s’agit de faire le meilleur compromis entre rendement et résistance à la crevaison. Egalement moins confortable, les pneus de compétition vous permettront de limiter la résistance au roulement. Pour trouver le modèle le plus adapté et le plus performant, le site internet Bicycle Rolling Resistance recense gratuitement tous les pneus du marché, leurs caractéristiques et les résultats de leurs tests (adhérence, résistance à la crevaison, résistance au roulement…).

Enfin, dernier point et non des moindres : la pression pneumatique. Celle-ci est très dépendante du poids du cycliste, de la section de pneus et du choix de chambre à air ou tubeless. Chaque cas étant unique, il faut donc vous référer au fabricant de vos pneumatiques pour connaitre la pression idéale. À noter qu’un déficit de 5% de pression pourra vous faire perdre 3 watts et que cette perte s’accentuera de manière exponentielle avec le déficit. Également, un pneu surgonflé aura tendance à rebondir sur la chaussée et être moins adhérent, ce qui sera néfaste à la performance.
#4. La trifonction : trop souvent négligée
Avec les prolongateurs, le choix de votre trifonction est certainement l’achat matériel le plus important pour optimiser votre CdA !
En effet, 70 à 80% de la résistance à l’air provient du cycliste contre seulement 20 à 30% pour le vélo. Le choix d’une trifonction aéro avec des matériaux techniques vous permettra donc d’économiser de précieux watts. Ce choix étant très individuel du fait de votre morphologie, on vous conseillera d’opter pour des manches longues et une coupe parfaitement ajustée pour qu’il n’y ait pas de plis ni de flux d’air au niveau du cou et des épaules.
Le bon choix de trifonction vous permettra d’économiser environ 15 watts à 40 km/h !
#5. Le casque aéro : un choix difficile mais important
Après le choix de votre trifonction, le second élément le plus important au niveau de votre équipement est votre casque.
Ce choix est encore une fois très personnel puisqu’il est lié à votre positionnement, qui impactera le trajet du flux d’air au niveau de votre tête. Il convient alors ici d’essayer différents modèles pour trouver un casque suffisamment ventilé tout en ayant une forme qui vous permet de fendre l’air.
Attention cependant, car certains casques vendus comme « aéro » seront moins efficaces qu’un casque classique. Également, le meilleur modèle pour votre partenaire d’entrainement ne sera pas forcément le plus optimal ! Le mot d’ordre est simple : testez.
Au niveau des chiffres, on peut estimer que le meilleur choix vous permettra d’économiser 15 watts, soit jusqu’à 5 minutes sur un IRONMAN !
#6. Un vélo entretenu et une chaîne lubrifiée
Si les vélos du Tour de France sont nettoyés de fond en comble après chaque étape, ce n’est pas un hasard ! On a même vu certains mécaniciens relubrifier les chaines en pleine course.
Déjà, entretenir votre vélo régulièrement vous permet de maximiser la durée de vie de vos composants ! Mais il vous permet aussi de limiter les pertes mécaniques liées à une transmission mal entretenue.
Avant votre course, il vous faudra donc nettoyer votre vélo de fond en comble en dégraissant chaque partie de la transmission. Puis, le choix et l’application d’un lubrifiant de qualité vous permettra d’économiser près de 15 watts en réduisant les frictions au niveau de la transmission.
Pour ceux qui souhaitent investir dans une chaîne optimisée pour la performance, vous pouvez vous orienter vers des modèles avec un traitement spécial (chaîne UFO de CERAMICSPEED par exemple) vous permettant d’économiser encore 2 à 5 watts.
Également, l’entretien et le réglage précis de votre système de freinage sera un aspect clé de votre performance, surtout sur un parcours technique. Un freinage précis vous permettra d’optimiser vos trajectoires et d’économiser quelques secondes ou minutes.
#7. Le système d'hydratation : un placement clé
Pour économiser quelques watts, le positionnement de votre système d’hydratation mérite d’être réfléchi. Entre les prolongateurs, sur le cadre, derrière la selle, les possibilités sont nombreuses mais les pénalités aérodynamiques sont très différentes.
La société britannique Aerocoach a réalisé une étude complète sur les systèmes d’hydratation à vélo. Ils ont ainsi montré que le positionnement optimal se situe derrière la selle, entre les prolongateurs et sur le cadre (avec un bidon profilé et non un bidon classique). Cependant, la contenance, et donc le volume du système d’hydratation, va impacter les pénalités aérodynamiques.
Sur un triathlon olympique, les bidons « aéro » sur le cadre semblent être le meilleur choix pour la facilité d’accès. Cependant, si la distance s’allonge, les bidons derrière la selle et le système d’hydratation entre les prolongateurs sont les plus adéquats car ils permettent d’emporter une grande quantité de liquide (entre 2 et 3L). Cela permet aussi de s’hydrater sans sortir de la position aéro, sauf lorsque vous prenez vos bidons derrière la selle pour recharger votre système d’hydratation.
A titre indicatif, sur IRONMAN®, opter pour un système d’hydratation de 750ml entre les bras et deux gourdes de 900ml derrière la selle vous coutera une pénalité aérodynamique de 2’35 ». En comparaison, deux gourdes classiques de 900ml sur le cadre vous couteront 6’40 » pour 750ml de liquide en moins.
Récemment, on observe de plus en plus de professionnels comme Sam Laidlow faire le choix, en T1, de mettre une grande poche à eau dans leur trifonction pour compenser les pertes hydriques importantes sur triathlon longue distance.
#8. Rasez vous les jambes : l'investissement à 0€
Cela va peut être vous surprendre mais, pour les plus poilus d’entre vous, se raser les jambes peut vous permettre d’économiser jusqu’à 15 watts, soit environ une minute sur un triathlon olympique ! Et tout ça gratuitement !
En effet, les poils vont créer une résistance à l’air bien supérieure à celle de votre peau. Vous pouvez également choisir de vous raser les bras et le visage mais les gains aéros seront moins importants que pour les jambes.
Depuis plusieurs années, on voit également la démocratisation des manchons aérodynamiques aux mollets. Portés sous la combinaison de natation, ils permettent encore une économie de 10 à 15 watts en réduisant la résistance à l’air par rapport à la peau grâce à la technicité des matériaux.
#9. Une transmission adaptée au parcours et à vos capacités physiques
Votre choix de cassette et de plateaux en course doit être parfaitement adapté au parcours que vous allez affronté. Qui oserait s’aventurer sur l’IRONMAN® de Nice avec un pédalier 53/39 et une cassette 11/28 ?
Pour limiter les pertes mécaniques liées à la friction de la chaine sur les plateaux et la cassette, il convient de rouler la majeure partie de votre course avec la chaine « en milieu de cassette ». Cela vous permettra d’avoir une tension de chaine idéale et un angle permettant de maximiser la transmission de puissance. Si vous roulez trop longtemps « en bout de cassette », cela peut vous faire perdre jusqu’à 20 watts.
Sur un parcours plat, on vous recommandera d’opter pour une cassette 11/28 et de vous pencher sur le nombre de dents de votre grand plateau afin de rouler le plus possible en milieu de cassette. S’il n’y a aucune difficulté sur le parcours, vous pouvez même vous orienter vers un monoplateau en supprimant le petit plateau et le dérailleur avant.
Sur un parcours vallonné, une cassette avec un étagement plus important et des plateaux avec moins de dents vous permettra de produire un effort plus régulier dans les pentes. Gardez toujours à l’esprit qu’il faudra rouler le plus possible « en milieu de cassette » pour que la transmission de puissance soit la plus fluide possible.

#10. Le travail en position aéro : Logique mais souvent négligé
On vous l’expliquait dans le point #1, le triathlète est naturellement plus puissant en position « route » qu’en position aérodynamique. Cet écart de puissance est estimé entre 5 et 15%.
Une fois la position adéquate adoptée, le meilleur moyen de réduire cet écart est donc de vous entraîner dans cette position. D’abord sur des intervalles en endurance puis à haute intensité, cela vous permettra de mobiliser les bonnes chaines musculaires et d’adopter un pédalage de plus en plus efficace.
Au début, le home-trainer est ici un bon moyen de vous entraîner dans cette position en toute sécurité et sans devoir bouger de celle-ci à chaque intersection ou feu rouge. Après quelques mois d’entrainement dans cette position, vous serez alors capable de développer une puissance s’approchant petit à petit de celle développée en position classique sur un vélo de route.
Le mot de la fin
Comme vous avez pu le voir, pas besoin de dépenser des dizaines de milliers d’euros pour commencer à optimiser votre aérodynamisme ! Du rasage de jambes à 0€ à une trifonction de qualité autour de 300€, vous avez déjà de nombreux aspects à optimiser pour aller plus vite en triathlon.
Bien évidemment, libres sont ceux qui achètent fréquemment le dernier vélo de contre-la-montre à la mode ! Mais même avec un vélo à plus de 10000 euros, si vous n’optimisez pas les 10 points précédents, cela ne servira pas à grand chose…
On observe fréquemment des triathlètes avec une position optimisée sur un vélo de route équipé de prolongateurs aller plus vite que d’autres avec des avions de chasses dignes des professionnels ! Alors pourquoi pas vous ?