Benjamin Choquert : Le couteau suisse à la Française

Benjamin choquert duathlon
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Retour sur l’année 2019 avec le plus polyvalent de nos frenchies ! Le nancéien Benjamin Choquert vient de boucler 12 mois pleins que ce soit en duathlon ou en athlétisme. Nous avons pu nous entretenir avec lui et retracer sa saison, de son titre de champion du monde de duathlon jusqu’à ses 2h11mn11″ sur marathon en passant par son « échec » à Berlin. ⬇️


Tout d’abord merci d’accepter notre interview Benjamin, on est très heureux de te recevoir sur Opentri.fr ! Avant de commencer et de te présenter, comment vont les jambes après ta superbe perf au marathon de Valence ?


Merci, c’est avec plaisir. C’est toujours top de donner la parole à des sports mineurs. Concernant le marathon de Valence, j’ai plutôt bien récupéré avec quelques jours off après la course. 


Tu es champion de France de cross-country et du 5 000m en 2015, meilleur performeur français sur semi-marathon en 2018 en 1h02’46, double champion de France de duathlon, champion du Monde et d’Europe de duathlon et ça, ce ne sont que les grandes lignes de ton palmarès.
Mais alors Benjamin, si tu dois présenter ta carte d’identité sportive tu dirais quoi ? Duathlète, marathonien, coureur de demi-fond ?


J’ai plutôt tendance à dire que je suis un passionné sportif et je me caractérise comme un stakhanoviste. J’ai commencé l’athlétisme assez jeune car j’étais asthmatique et on m’a dit de courir. Je suis passionné par beaucoup de disciplines sportives notamment celles extrêmes. J’aime bien aussi l’approche de certains sport par équipe comme le handball.


Il y a quelques semaines, tu as bouclé le marathon de Valence en 2h11’11 et validé ainsi les minimas IAAF pour les Jeux Olympiques de Tokyo (2h11’30). Réussir l’objectif pour 19 secondes c’est à la fois énorme mais tellement peu sur un marathon : comment s’est passée ta course ?


Ma course s’est super bien passée… Mieux qu’à Berlin en tout cas 😅 J’ai plutôt été régulier avec le kilomètre le plus rapide couru en 2’59 » et le plus lent en 3’10 ». C’était donc parfait en vue d’une allure entre 3’06 » et 3’07 ». J’ai bien géré tous mes ravitaillements avec les bidons et les gels. Chose un peu nouvelle pour moi sur marathon.  Les 42 kilomètres sont donc super bien passés et à aucun moment je n’ai ressenti le « mur ». Il a fallu que je me plante à Berlin pour réussir ce marathon de Valence !

Ben choquert marathon valence
Le 29 septembre tu étais à Berlin et c’est sur cette course que tu voulais atteindre les minimas mais tu as craqué au 28ème km. Comment as-tu réussi à repartir de l’avant pour Valence 2 mois plus tard ? On imagine les qualités mentales nécessaires afin de rebondir pour se replonger dans 2 mois de préparation intense.


Dès le départ je savais que si ça se passait mal à Berlin, je pouvais retenter ma chance à Valence. Quand j’ai craqué au 28ème kilomètres, j’avais déjà le regard tourné vers l’Espagne. J’aurai du abandonner d’ailleurs mais je n’y arrive pas, ça me fait plus mal mentalement d’abandonner une course que de finir dans le dur. j’ai donc pris ce marathon comme un entraînement intensif, un footing rythmé. Après cette course, j’ai fait 15 jours off sans vélo et sans natation. J’ai ressentir le besoin de me ressourcer et de réfléchir à ce qui s’était passé à Berlin. 


En 2018, tu avais réalisé 2h15’41 », comment expliques-tu l’explosion de ton chrono en quelques mois ? Qu’as-tu changé à ta préparation ?
A Paris je partais pour réaliser 2H15. Je me suis entraîné uniquement en vue de réaliser ce chrono. C’est plutôt mon temps sur semi qui a changé la donne; après ça je me suis dit que j’en était capable, que je pouvais viser encore mieux. On m’a dit que j’avais un potentiel pour réaliser entre 2h10 et 2h12. Quand tu sais que tu peux le faire, il n’y a pas de raison pour ne pas réussir et t’entraîner pour. J’ai bien visualisé l’objectif et je me suis préparé pour réussir 2h12 d’abord à Berlin puis finalement à Valence.


Dans quelle mesure penses-tu que le duathlon t’apporte pour les marathons ? L’inverse est-il vrai aussi ? Ou c’est un ensemble de qualités que tu développes en pratiquant les 2 disciplines à haut niveau ?


Ce qui m’aide au quotidien, c’est les entraînements croisés. Le vélo m’empêche d’avoir tous les traumatismes liés à la course à pied. Je considère mon niveau à vélo comme « faible », alors j’ai vraiment cette envie de progresser dans cette discipline. Les entraînements sont très spécifiques et n’ont rien à voir avec la course à pied. C’est le volume global des deux sports qui me permet de progresser.

Et à vélo quels sont tes points forts ?


J’ai un bon rapport poids/puissance qui m’aide sur des montées moyennement pentue. Ça ne fait que 8-9 ans que j’en fait vraiment donc j’ai encore une marge de progression ce qui rend la chose intéressante. Puis depuis l’année dernière j’ai changé d’entraîneur vélo. Je fais beaucoup plus de spécifique. Avant je n’avais pas d’entrainement structuré, je roulais longtemps en groupe et c’est tout. Aujourd’hui je m’entraîne au capteur de puissance et ça change la donne! Mon cardio ne monte pas à vélo, la puissance est donc mon indicateur de travail favoris. 


Tu sembles très soudé avec ton coach Frédéric Fabiani, depuis combien de temps travailles-tu avec lui et que t’apporte-t-il de particulier au quotidien ?


Ça fait depuis 2012-2013 que l’on travaille ensemble avec Fred. Au départ c’était seulement mon coach de préparation physique. Je le côtoyais déjà chez les jeunes et pendant les stages régionaux. C’est un passionné très intéressé par mon double projet duathlon – marathon. Il est guidé par l’envie d’emmener un marathonien au plus haut niveau !

« Dès que je pose le vélo, je débranche le cerveau.« 


En mars, on saura si tu vas à Tokyo (3 athlètes français seront sélectionnés mais pour le moment 4 ont réalisé les minimas), comment vas-tu gérer cette saison 2020 qui pour le moment reste floue ?


Pour le moment, je me focalise sur les championnats d’Europe de duathlon en mars puis les mondes de Semi-marathon quelques semaines après. Depuis ma performance à Valence, je devrais y aller, je n’ai donc pas besoin de me qualifier en amont normalement. Mais j’attends le verdict pour Tokyo avant de vraiment planifier ma saison. 


Fin avril, tu as été champion du Monde de duathlon sur un format que tu apprécies particulièrement (10km à pied / 40km à vélo / 5km à pied) . Tu as couru les parties pédestres a une allure folle digne de podiums sur de grandes courses en France. Comment gères-tu l’approche du vélo après les 10er km en courant ?


Ce format n’est pas mon préféré mais il me permet de mieux m’exprimer même si les 40km à vélo peuvent me faire perdre gros. A Pontevedra, j’ai couru assez fort la première partie sans être à bloc. Je commence à me connaître et j’essaye de ne pas trop réfléchir surtout sur les 5 derniers kms. Dès que je pose le vélo, je débranche le cerveau. Je  n’aime pas attendre et je préfère mettre tout de suite le doute à mes concurrents et prendre rapidement de l’avance pour être serein. 


On sait que tu es passionné de la culture japonaise : le fait de pouvoir courir à Tokyo au JO, c’est une motivation supplémentaire ?


Ça serait un double rêve.  Le Japon est un pays qui me fait rêver et où je ne suis pas encore allé. Si on peut mélanger deux rêves en un ça serait le graal !

Parle-nous un peu équipement : Tu es plutôt un aficionados du matos, qui en maîtrise toutes les subtilités, ou tu regardes ça de loin et le considère comme un instrument de travail avant tout ?


Je suis plutôt fan, par exemple j’ai une Garmin 945. J’aime avoir des modèles assez récents, je suis assez connecté sans pour autant me prendre la tête. J’aime avoir beaucoup de données pour l’analyse. En course à pied j’ai le capteur Stryd qui me permet d’analyser mes entraînements même sur tapis. 

À Valence, sur le marathon tu courais avec des Nike ZoomX Vaporfly NEXT%, un modèle qui fait couler beaucoup d’encre, que trouves-tu à ces chaussures ?


J’avais les 4% avant qui ne choquaient personne. Là ils les ont juste améliorées. Pour moi, ils ont réussi à sortir une paire légère mais avec de l’amorti. Le confort est primordial pour moi surtout sur marathon mais elles ne me font pas courir plus vite… Mon record sur 10km, je l’ai avec les Nike Zoom streake LT*, des chaussures ultra-minimalistes. 

*Le 29 décembre, quelques jours après l’interview, Benjamin a explosé son record sur 10km… avec les Nike ZoomX Vaporfly NEXT% aux pieds !

benjamin choquert houilles
On a cru voir que tu avais eu un nouveau vélo pour la saison 2020… 


C’est un partenariat avec le magasin Obobike 39.23 et Specialized qui m’aident un peu. C’est nouveau pour moi surtout que je n’aime pas trop me vendre. Avant j’achetais tout de mon côté avec parfois un petit coup de main. J’ai laissé au magasin carte blanche sur le vélo, qui s’est fait plaisir sur le montage. Ça fait plaisir que voir que mon investissement paye. Le petit clin d’œil à mon chrono sur le marathon de Valence sur la barre de cadre devrait rester un moment… 😅 

« Cet été, je n’osais même plus m’entraîner à l’extérieur« 


Malgré tes performances au plus haut niveau mondial, le sport n’est pas ton activité à temps plein et tu as un job à côté : à quoi ressemble ta journée pour concilier les 2 ?


Je suis maître nageur sur Nancy. J’ai la chance d’être sur la liste des sportifs de haut niveau depuis 2 ans, ce qui me permet d’avoir un aménagement d’horaires. Je travaille 20h payées 35 grâce à un accord entre mon employeur (Métropole du Grand Nancy), la FFtri et Jeunesse et Sport. Ce volume horaire est encore un poil trop pour être optimal mais ça me permet de garder du lien social et un pied dans un autre milieu que le sport. Même si c’est surtout du temps en moins pour récupérer. Avec mes horaires, j’ai la chance de pouvoir réaliser du bi-quotidien régulièrement quand je travaille le midi. Les week-end je m’organise aussi comme je veux et doubler facilement mes entraînements. Sur les championnats nationaux et internationaux, j’ai droit à des congés exceptionnels mais en temps normal c’est à moi de gérer mes jours de repos. 

Benjamin, avant de nous quitter, quel serait ton conseil numéro #1 pour les duathlètes amateurs qui nous lisent et qui souhaitent s’améliorer ?


Prendre du plaisir ! Avec le duathlon, on n’a pas la contrainte de la natation, c’est idéal quand on se sent mauvais nageur. Bossez un peu les transitions pour mieux apprécier l’effort. Le faire entre copains sur un parking et enchaîner les transitions est top pour passer un bon moment et progresser. On a la chance de réaliser un sport spectaculaire, notamment avec la violence des transitions, donc profitez-en ! 

« Mon plus grand rêve de sportif ? Les Jeux Olympiques à Tokyo« 

L’interview décalée :

  • Ta plus grande satisfaction sportive ? Mon titre de champion du Monde de duathlon sur lequel je me suis cassé les dents plusieurs fois.
  • Ton plus grand regret ? Ça pourrait être ma non-sélection aux JO. J’ai toujours aussi un peu regretté de ne pas être allé aux Etats-Unis quand j’étais cadet-junior, dans un système qui fait tout pour te faire réussir. En France, on a les cours et après on cale tes entraînements. Aux Etats-Unis c’est l’inverse, on planifie les entraînements et on utilise les trous restants pour y mettre les cours.
  • Ton plus grand rêve de sportif ? Les Jeux Olympiques à Tokyo, davantage que les JO 2024 qui me font moins rêver. 
  • La séance que tu aimes le plus ? Les sorties longues marathon assez ludiques. Particulièrement celles avec du changement d’allure tous les 5km 😍
  • Celle que tu détestes le plus ? Les sorties PMA à vélo, je ne suis pas bien après !
  • Ton astuce matos ? Je n’ai pas vraiment d’astuce. Je suis plutôt bordélique mais précautionneux, un « dérangement organisé » en somme.
  • Ta devise ? Une devise issue d’une chanson d’OrelSan : « Si c’était facile, tout le monde le ferait ». On est tous les deux passionnés par le Japon et la culture manga et ça se ressent à travers ses textes. Même si on galère, il faut tout tenter, tout essayer ! 
  • On te revoit quand sur un triathlon ? 🙂 Je « nageotte ». Et avec mon calendrier ultra chargé, ce n’est pas facile. Avant j’essayais d’en faire 1 ou 2 par an avec les copains à Messein. Cette année, j’étais vraiment focus sur ma prépa marathon. Cet été, je n’osais même plus m’entraîner à l’extérieur à vélo pour éviter toute chute ou maladie. Après ma carrière, je partirais bien sur du trail ou du triathlon Longue distance, avec un record lors des 42km de course à pied sur IM ?

Benjamin Choquert en bref :

berlin benjamin choquert

Athlète français – 33 ans
Clubs : Nancy Athlétisme Métropole / Metz Triathlon
Entraîneur : Frédéric Fabiani
Palmarès & références (non exhaustif 😅) :

  • 3x Champion de France de duathlon (2015 – 2016 – 2018)
  • Champion d’Europe et du Monde de duathlon (2019)
  • Champion de France du 5 000m (2015)
  • 28’36 sur 10km (Corrida de Houilles – 2019)
  • 1h02’46 sur semi-marathon (2018)
  • 2h11’11 sur Marathon (2019)

Crédits photos : Mickael Gras

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A propos de l'auteur(e)
Hugo
Hugo
Triathlète et cycliste, je suis un véritable passionné par le triple effort et la science du sport. Équipements, nutrition, entraînement, c'est mon dada ! Membre de la Team Opentri, je reste à votre disposition pour toutes remarques ou questions ! On se retrouve sur Strava ?
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